Édouard Baer : verbe haut et chapeau bas

par Marion

Édouard Baer foule les planches de la scène théâtrale française avec autant de grâce que de passion depuis de nombreuses années. A la fois classique et insaisissable, il revient en mai et juin 2023 avec « Les élucubrations d’un homme touché par la grâce » au Théâtre libre. Libre : s’il fallait résumer en un mot la personnalité d’Édouard Baer, ce serait certainement celui-ci.

Son père était un énarque d’origine juive alsacienne, tandis que sa mère est issue d’une famille d’industriels lyonnais. Édouard Baer garde de cette éducation soignée une culture éminente et profondément littéraire, une mélancolie aussi atypique qu’étonnamment jubilatoire, et un sens de l’observation très politique. Collège Stanislas, École alsacienne : il réalise un parcours scolaire sans faute ! Mais il échoue, à deux reprises, au concours d’entrée de Sciences Po Paris.

“Le rire, c’est une des seules façons, quand on est dépassé intellectuellement par quelqu’un, d’arriver à communiquer avec lui.” – Édouard Baer

C’est par hasard qu’il découvre le Cours Florent, auquel il s’inscrit. Un hasard qui, fidèle au dicton populaire, a bien fait les choses… puisqu’il y rencontre Isabelle Nanty, dont il devient l’assistant et qui le fera ensuite jouer à plusieurs reprises. Après quelques petits boulots sans grand intérêt, il découvre peu à peu le monde du spectacle et des médias. Et au fil des ans, il goûte à presque tous les arts : animateur radio, acteur de théâtre et de cinéma, doubleur, auteur, metteur en scène, producteur de cinéma, animateur de télévision, maître de cérémonie à Cannes ou aux César, scénariste, réalisateur… La liste est longue !

Serait-ce le reflet d’une certaine hyperactivité ? Probablement… Car Édouard Baer est un touche-à-tout qui n’en a jamais assez et qui en fait toujours un peu trop, pour le plus grand plaisir de son auditoire. Trublion, histrion, papillon, il dévore les mots comme autant de friandises gourmandes et délicates. Génial improvisateur, sa tirade sur les bonnes et les mauvaises situations dans « Astérix et Obélix : mission Cléopâtre » est restée dans toutes les mémoires.

C’est à son esprit et à son travail qu’Édouard Baer doit sa longévité sur les planches et sur les écrans. Intellectuel et populaire, spontané et réfléchi, il semble nourrir son humour et ses bons mots à la source inépuisable d’une certaine nostalgie de temps anciens qu’il n’a pourtant pas connus… Tout en paradoxes, il a joué dans des univers très différents. Aussi à l’aise en Dorante qu’en Astérix, il a reçu le Molière de la révélation théâtrale masculine en 2001, et plusieurs nominations prestigieuses : aux César (2002, 2019, 2021) comme aux Molière (2010, 2020).

A 56 ans, Édouard Baer est un artiste qui ne choisit jamais vraiment. Il jongle entre les scènes de théâtre et les plateaux du Septième Art, entre les textes des autres et ceux qu’il a écrits, entre les rôles en costume et les personnages modernes, prêtant son panache et son auto-dérision à tous les contextes. Il a joué avec les plus grands noms et sur tous les tons, de Mathieu Amalric à Audrey Tautou, de Benoît Magimel à Sandrine Kiberlain, de Christian Clavier à Virginie Efira, de Gérard Depardieu à Emmanuelle Devos, etc.

Édouard Baer est un personnage infiniment humain qui se réinvente sans cesse… Une chose est sûre : il n’est pas près d’écrire le mot « FIN » au bas de sa carrière. Et ce, pour le plus grand bonheur du public.

Crédit photo : Georges Biard – CC BY-SA 4.0

 

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