Francis Huster, un destin, plusieurs vies…

par Vero

Parler de lui ? Les premières impressions :

  • un physique… beau,
  • un timbre de voix, une ponctuation captive,
  • un conteur disert des mots, d’histoires et de rencontres,
  • un fou de football : « Je vis chaque match comme une tragédie ».

Un jour, il inspirera certainement un scénario de film flamboyant et douloureux, loin d’être un long fleuve tranquille !

En 53 ans de carrière, il a coiffé tant de casquettes artistiques : comédien, acteur, metteur en scène, réalisateur et scénariste français, parfois doubleur de films, une fois chanteur, auteur. Du théâtre classique ou de boulevard, du cinéma à la télévision, de l’édition aux plateaux d’émission télé, notre homme en a été. Même les honneurs de la profession : 3 nominations aux Molières ; 4 prix de comédien, et un 7 d’or dans Jean Moulin. La création de la Compagnie Francis Huster, vivier de talents, dont Cristiana Reali, Olivier Martinez…  Quelle comptabilité, avec presque 200 textes travaillés !

Connaître l’homme aide à comprendre l’artiste sensible, à l’énergie folle en travailleur inlassable.

“ UN ACTEUR, C’EST QUELQU’UN QUI VOMIT. C’EST QUELQU’UN QUI BOUFFE LA VIE ET QUI LA DEGUEULE EN JOUANT.” – FRANCIS HUSTER

Francis nait le 8 décembre 1947, à Neuilly-sur-Seine dans une famille aux origines juives ashkénazes. Son père Charles Huster ancien militaire, ensuite directeur commercial chez Lancia, épouse Suzette Cwajbaum, polonaise, qui ouvrira un atelier de couture. Puis 3 enfants : Jean-Pierre, l’ainé, écrivain, la benjamine Muriel écrivaine, photographe et actrice. Francis, lui, montre une appétence précoce au spectacle. Le train sifflera 3 fois, fut une révélation, quand sa grand-mère, Mémé Rose organisait des sorties cinéma, à la pause écolière des jeudis après-midi. La fratrie ne sait pas encore que le « mot » écrira leur trait d’union.

Un drame à l’âge de 10 ans et le regard d’André, mari de Mémé Rose, lui donnera une force incroyable à être libre dira-t-il. De tempérament fier, solitaire, dévorant la littérature, assuré… en apparence, et surtout très bon élève, son père le voit chirurgien. Or suite à une blessure à la cheville, son oncle Albert le pousse vers des cours de théâtre qui seraient utiles à ce métier difficile.

Lycéen, muni de cartes de visite mentionnant « artiste dramatique », il rencontre François Florent.  Illico, il doit apprendre la préface de Cromwell de Victor Hugo pour son premier cours. 

Après le Centre de la rue Blanche, il réussit remarquablement au Conservatoire d’Art Dramatique, d’abord élève de René Simon, ultérieurement d’Antoine Vitez. Pourtant ses trois premiers prix déclenchent une colère noire de son père si sévère. Il quitte la maison, entre à la Comédie-Française en 1971, devient sociétaire en 6 ans, démissionne en 82. 

Les amoureux de Molière aux côtés d’Isabelle Adjani, son amoureuse durant 5 ans, marque sa carrière. Ce qui compte à ses yeux est « le lien amoureux permettant à un duo de mieux jouer, le temps d’une représentation ». La passion dévorante coule dans ses veines, à jamais pour ses rôles ; en second dans la vie. Le registre classique, les grands rôles de Labiche, Musset, Corneille, Shakespeare… l’animent. Son dernier personnage dans La Mouette de Tchekhov fut criant de force violente et douceur à jouer. Il explore d’autres interprétations majeures à l’Odéon, ailleurs aussi ; plus tard, la lecture théâtrale en solo.

En parallèle, Francis a fait son cinéma pour Georges Franju, Nina Companeez, Elie Chouraqui, 7 fois avec Claude Lelouch, son ami fidèle, et bien d’autres. La comédie qui l’attirait tellement, lui ouvre les bras. En point d’orgue, un rire mémorable dans la scène de culte du Dîner de con de Francis Weber. Les nombreux téléfilms et séries le rendent toujours plus populaire.

Désormais, lorsqu’il se retourne sur le jeune Francis, il lui chuchote : « N’écoute que toi ».  Sa soif de liberté de ses 10 ans, revient en boucle. 

Nul doute qu’en miroir, les amateurs de théâtre auront envie de l’écouter, le regarder vivre sur les planches, longtemps encore.

« La magie de l’amour c’est qu’il nous donne une chance d’être meilleur. »
Francis Huster

Crédit photo : Menigault Bernard / Alamy Banque d’Images

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