Louis Jouvet : une vie de théâtre

par Marion

Aujourd’hui, je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Car Louis Jouvet est bien souvent, dans les mémoires, une figure en noir et blanc dont le phrasé particulier rappelle une autre époque… Pourtant, ce comédien au parcours étonnant, profondément amoureux des planches autant que des coulisses, appréciait avant tout les couleurs et la vie bouillonnante que représentait, pour lui, le théâtre français.
Louis Jouvet naît à la veille de Noël, en 1887. Il voit le jour en Bretagne, dans les paysages magnifiques de la presqu’île de Crozon, un peu par hasard. Car son enfance, passée auprès de ses parents et de ses deux frères aînés, est marquée par les nombreux déplacements professionnels d’un père conducteur de travaux publics. Au fil des chantiers, le jeune Louis noue des contacts précoces avec de nombreux artisans dont il retrouvera le souvenir, bien plus tard, dans les coulisses des scènes parisiennes, auprès des accessoiristes, machinistes et autres électriciens.

A treize ans, à la suite du décès brutal de son père, Louis suit sa mère à Rethel, dans les Ardennes, où vit un oncle pharmacien. Pharmacien : une voie toute tracée pour le jeune homme ! Il entreprend et réussit brillamment ses études à la faculté de Paris, et obtient son diplôme avec mention. Mais l’appel du théâtre sera le plus fort.  « Au théâtre on joue, au cinéma on a joué »,

« AU THÉÂTRE ON JOUE, AU CINÉMA ON A JOUÉ  » – LOUIS JOUVET

Il commence sa carrière par un triple échec au concours d’entrée au Conservatoire d’art dramatique de Paris… Mais il ne se décourage pas pour autant, et n’en garde pas rigueur à cette institution dans laquelle il finira par devenir professeur, à l’aube de la cinquantaine.

Il enchaîne les cachets et surtout, les rencontres : de Jacques Copeau, directeur du théâtre du Vieux-Colombier, à Jacques Hébertot de la Comédie des Champs-Élysées, jusqu’à Jean Giraudoux et sa Guerre de Troie qui n’aura pas lieu… Il choisit ses pièces et ses films en fonction des hommes qui les signent, allant parfois jusqu’à exiger un rôle pour certains de ses amis.

Au fil des ans, Jouvet joue, Jouvet déclame, puis Jouvet dirige. Il raconte et récite les histoires des autres, et même si l’Histoire, la grande, le rattrape en l’envoyant au front pendant la Première Guerre Mondiale, il ne perd ni son amour du théâtre, ni le Nord.
Hôtel du Nord, justement : l’occasion pour Louis Jouvet d’être le destinataire de l’une des plus célèbres répliques du cinéma français ! Puisque c’est face à lui qu’Arletty s’exclame, avec toute la gouaille qui la caractérise : « Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? »
En matière d’atmosphère, c’est bien celle du théâtre que le comédien préfère. Pour lui, c’est sur les planches que sa personnalité atypique et sa diction si reconnaissable ont toute leur place. Et même s’il fréquente régulièrement les plateaux de cinéma, Louis Jouvet reste toute sa vie un homme de théâtre. Jusqu’à tirer sa révérence, à 63 ans, non pas sur la scène, mais dans le bureau du directeur, au cœur du théâtre de l’Athénée. Rideau !

« Au théâtre, il n’y a rien à comprendre, mais tout à sentir. »
Louis Jouvet

Crédit photo : Studio Harcourt — RMN, Domaine public

You may also like

Newsletter

Nouvelles pièces - Interviews - Actualités

Sortie Théâtre

Newsletter

Nouvelles pièces - Interviews - Actualités

Sortie Théâtre